lundi 21 octobre 2013

Raymond E. Feist - Interview SFX magazine (mai 2013)



Après 30 ans d'écriture, Raymond E. Feist achève sa saga sur l'univers de Midkemia. A l'occasion de la sortie de son dernier livre Magician's End, chapitre final d'une longue aventure, l'auteur se confie au magazine SFX dans une interview.
La saga a-t-elle significativement changé pour vous durant ces trois décennies pendant lesquelles vous l’avez écrite ? Ou l’univers de Krondor a-t-il grandi organiquement ?
Le ton de la série a changé pour deux raisons. Tout d’abord, l’intrigue devient de plus en plus sombre et ensuite, j’ai évolué en tant qu’écrivain, pour le meilleur, je l’espère. De mon point de vue, l’univers dans lequel Midkemia est contenu est organique, je l’ai vu à peu près dès le commencement. C’est un avantage de commencer avec un monde plutôt objectif, le résultat des efforts de plusieurs personnes plutôt que du mien. C’était le monde du jeu vidéo créé par des amis et moi à l’université et je me le suis simplement approprié à travers ces histoires. Les Chroniques faisaient partie de la tradition de ce monde et j’ai choisi d’écrire à leur propos.
Comme Les Chroniques de Krondor concernent essentiellement des magiciens humains et d’autres êtres s’affrontant sur deux planètes différentes, on pourrait dire qu’elles combinent des éléments de science-fiction et de fantasy. Avez-vous toujours adoré le meilleur des deux genres ou, comme George R.R? Martin – dont les nouvelles des années 70 et les premiers romans tels que Windhaven sont essentiellement de la fantasy à peine déguisé en science-fiction – était-ce difficile d’écrire de la pure fantasy quand vous avez commencé cette saga dans les années 80 ?
Oui, George est un sacré écrivain ! Je suis devenu un fan de son Armageddon Rag, qui est de la pure fantasy urbaine, mais il pourrait aussi écrire des westerns ou de mystérieux meurtres et ils seraient fantastiques. Mince, s’il faisait de la "Regency Romance", cela vaudrait la peine d’être lu ! Quant à mes penchants à l’encontre de la science-fiction, mon attitude a toujours été que c’est simplement un sous-ensemble de la fantasy dans lequel l’auteur se contraint à rester dans le royaume du scientifiquement possible – et c’est quelque chose qui change constamment et par grandes avancées. Les kilomètres de système de canalisation et les quatre hauts étages de tubes vides à l’intérieur d’un vaisseau spatial de EE "Doc" Smith sont pittoresques, mais c’est la technologie qu’il connaissait.
J’ai hérité des failles parce que c’était un mécanisme de jeu que nous utilisions quand on jouait à notre jeu de rôle à l’université et j’aimais l’idée d’avoir pour un magicien des façons mécaniques d’aller de lieu en lieu sans avoir recours au "il s’évanouit dans un nuage de fumée" ou "il disparut ailleurs". Les gens aiment les règles, ou au moins les apparences de règles, même dans la fantasy. Si le magicien peut chasser très rapidement un dragon dans le chapitre un, pourquoi ne peut-il pas ouvrir une simple porte dans le chapitre cinq ?
Magician’s End n’est pas seulement le dernier tome des Chroniques de Krondor, c’est aussi le dernier livre de La Guerre du chaos. En quoi La Guerre du chaos est différente du ton des autres séries telles que La Guerre des démons ou La Guerre des ténèbres ?
Pour mutiler une métaphore, les Chroniques ont été comme pelé un oignon seulement pour découvrir que la couche suivante est plus grosse que la précédente. La Guerre du chaos amène deux éléments: elle indique clairement que tout ça n’a été qu’une longue lutte qui n’a en fait jamais pris fin mais qui est passée par quelques accalmies. Il y a un cycle et à la fin, c’est en fait comme c’était au début. La plus grande différence entre les deux et les séries précédentes est que finalement, vous finissez par comprendre que "c’est tout ce dont il s’agissait", avec la grande révélation de la réalité cosmique derrière la lutte…
Qu’est-ce qui vous manquera le plus dans les personnages de Pug, Tomas et Jimmy ?
Certains personnages sont un peu plus drôles à écrire que d’autres avec Jimmy qui se distingue des autres avec Nakor et Amos. Mais ils sont tous simplement des outils pour raconter, et je peux toujours en créer plus. Je le sens quand un écrivain considère un personnage comme étant "précieux", l’écrivain prend le risque de les transformer en personnage de bandes dessinées. Il n’y a rien de mal avec les personnages de bandes dessinées dans les bandes dessinées, mais je n’en écris pas.
Étant donné qu’il s’agit d’un si vaste univers, est-ce réellement le dernier livre que l’on pourra lire dans le monde de Krondor ?
Il ne faut jamais dire jamais, comme on dit. Je pourrais revenir à Midkemia un jour. Maintenant, tout de suite, je travaille sur The King of Ashes (Le roi des cendres), le premier volume d’une nouvelle série The War of Five Crowns (La guerre des cinq couronnes), c’est sur un univers complètement différent avec différentes règles de magie, différentes politiques et des personnages très différents. Je ne peux pas en dire plus. Bien que puisque nous parlons de George R.R. Martin, vous pourrez vous faire une idée de ce qu’est Five Crowns si je vous révèle que c’est un peu comme Le Trône de fer avec des airs de comédie musicale. Et je suis en fait en train de me battre pour obtenir certains droits, car je viens juste d’écrire la scène où le Roi de Sandura éclate en lançant un "Toi, Je vais te foutre dehors !"



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